Comment réaliser facilement un livre audio en atelier à la maison ou à l'école avec des outils simples

Ici Hélène Ducrocq - la réalisatrice des Films “Les Mal-Aimés”. Je te partage comment j’ai transformé un livre en une aventure pour les enfants… ou comment on peut créer un atelier “Livre Audio” autour des livres.
Mais avant ça, je te raconte une petite histoire…

“Il était une fois...”

Oui, ces mots magiques sont précieux ! En racontant des histoires, nous ouvrons des portes vers une multitude de mondes. 

Je me suis passionnée pour les livres avant de savoir lire, comme beaucoup d’enfants :)

« Oh oui, papa, raconte-moi une histoire ! »

Papa aimait bien cela, mais n’avait pas toujours le temps ou l’envie. Alors il nous enregistrait des contes, à mes sœurs et moi, qu’on pouvait écouter en boucle. Et c’était chouette. 

Quand j’ai su lire, j’ai dévoré plein d’histoires, de manière plus autonome, mais quand même, j’aimais encore bien les cassettes de papa. (Sauf quand il nous a raconté une histoire horrible d’Edgar Alan Poe, haha!)

Et c’est avec délice que bien plus tard, j’ai acheté ou emprunté des dizaines de livres audio.
J’adore ce format. Un livre dans les oreilles, une promenade au parc, et cet endroit familier devient merveilleux.

J’aime tellement ça, que j’en ai fait une illustration en papier découpé - que je te partage juste ici !

La lecture est pour moi un outil puissant, qui permet aux enfants d’apprendre, de découvrir, de devenir autonome !

C’est pourquoi j’aime apporter de l’écrit dans mes projets. Un de mes premiers courts-métrages invitait à lire en même temps qu’on suivait l’histoire. C’est aussi pour ça que chaque film “Les Mal-Aimés” possède chacun son livre.

J’étais donc toute contente de répondre favorablement à l’invitation du Festival Fréquence Lire à Valence… et de concevoir et leur proposer un atelier « livre audio » autour des Mal-Aimés.

Jean-Pierre Poirel (scénariste de Maraude & Murphy) et moi sommes intervenus dans une classe de CP pour réaliser cet atelier.

L’atelier demande peu de préparation - car, il suffit de lire le livre en amont (ou le moment venu).
Le choix de l’histoire s’est porté sur “Maraude & Murphy” - une histoire d’amitié de deux chauves-souris - qui invite à l’aventure, la découverte et la camaraderie. (Une histoire parfaite pour le CP où le texte permet de découvrir des mots intéressants).

Une fois sur place, on s’occupe de réaliser les enregistrements, et de partager avec les enfants sur notre travail, parler des Mal-Aimés…

L’avantage pour cet atelier, c’est que l’enseignante de cette classe de Valence avait travaillé l’histoire des chauves-souris en amont. Nous étions d’ailleurs surpris d’entendre les enfants parler de minioptères et de rhinolophes. 


— À la récré, on a joué à Maraude et Murphy, moi j’étais Murphy, parce que je vais vite.

Nous avions organisé l’installation dans une classe voisine, en deux postes d’enregistrements : 2 micros & 2 dispositifs d’enregistrements (un téléphone ou un ordinateur peuvent fonctionner pour un studio mobile facilement transportable !)
Chaque enfant a lu une double page du livre pour qu’il ait le temps de s’imprégner du texte et qu’on ait le temps d’enregistrer assez de texte pour chacun… et ainsi donner une “couleur” au montage définitif avec plusieurs voix.

Pendant ce temps, l’institutrice faisait un atelier dessin de chauve-souris et d’araignée en suivant les tutos du site (à retrouver ici et ).

Une fois l’atelier terminé (l’intervention a duré une matinée), vient le moment du montage.

Le montage consiste à sélectionner les voix, et les “monter” les unes après les autres tout en prenant soin de retirer les souffles, les pauses, les hésitations, etc…
Pour information, cette étape peut prendre plusieurs heures, car on ré-écoute plusieurs fois les voix pour sélectionner le meilleur passage.

La retranscription a eu lieu lors du festival et dans la salle de classe bien sûr !

Je suis très heureuse d’avoir participé à faire connaitre cette histoire aux enfants, leur parler biodiversité de façon créative…
Et, j’espère avoir participé - un peu - à la promotion de la lecture et à avoir donné envie aux enfants de s’intéresser aux aventures écrites des animaux Mal-Aimés.

En bonus, et comme nous avions terminé un peu tôt, nous avons invité les élèves à poser des questions sur les animaux qu’ils n’aiment pas. Car nous avons une série en projet qui implique les enfants aussi, nous vous en parlerons bientôt ! 

Hélène Ducrocq



Jean-Pierre Poirel raconte son expérience de l’atelier.

« Déjà je commencerai par saluer l'enseignante qui a permis ce petit atelier. La contrainte du programme à faire ingurgiter aux mômes est pesante et les alternatives qui sortent du cadre pédagogique institutionnel sont essentielles pour éveiller les enfants à des choses tout aussi importantes que le français ou les maths. Comme ces bébêtes qu'on déboîte en quantité industrielle.

Je considère que, en dépit de l'effort fourni par les enseignants, l'institution scolaire ne propose pas un projet pédagogique à la hauteur des petits cerveaux explosifs, avides de sens #pasassezdeprofs #triparlesnotes #romannational

Après 10 ans d'intervention autour du cinéma d'animation en milieu scolaire (du primaire au tertiaire), je retrouve toujours ces comportements d'apathie ou de paralysie devant cette simple demande : imaginer un truc sympa qui leur plaît, même débile.

L'ennemi : la "konsigne".

Ils en sont accroc comme à une drogue quand ils sont considérés comme "bons élèves" et la fuient quand ils doivent assumer un statut de "cancre". Mon coeur d'auteur saigne à chaque fois que je les sens motivés pour une seule chose : satisfaire l'adulte afin qu'il leur foute la paix.

Ce n'est pas le but d'un atelier. Le but c'est d'essayer de faire, tenter des trucs nouveaux et tant mieux si ça rate. Pas de notes, pas d'évaluations.

Le juge c'est le public, la récompense c'est l'expérience acquise.

Un atelier c'est aussi l'occasion de décrasser les enfants de cette attente de la "konsigne", attente produite par l'exigence d'un programme rédigé par de vieux monsieurs (c'est souvent des "monsieurs").

Et de leur offrir un autre rapport avec l'adulte qui n'est pas un parent ou un enseignant mais juste "quelqu'un qui passe par là et sait des trucs".

Dans le cas de ce petit atelier des "Mal-Aimés", c'est toujours un plaisir de voir des enfants lecteurs naissants, se frotter sans se plaindre à un texte volontairement complexe qui leur est destiné.

Il reste malgré tout une petite injustice à cet exercice : le professionnel sait si la prise de son (ou d'image) est bonne, puisque c'est son métier de travailler avec. L'enfant n'a qu'une très vague idée du rendu final lors de la capture de sa performance.

Il s'agit alors de les encourager et de les rassurer sur leur travail puis de s'amuser à les voir découvrir le résultat final, une fois le montage terminé. »

Jean-Pierre Poirel


Pour faire un livre audio

Il vous faut :

  • un livre (par exemple, un livre des Mal Aimés :)

  • un micro avec un pied (clic sur le lien pour utiliser le même micro que nous )

  • un casque

  • un smartphone ou un ordinateur

L’enregistrement se fait dans le dictaphone du téléphone, tout simplement. Et il existe un logiciel de montage de base dans tout ordinateur ou téléphone, comme IMovie par exemple.

N’hésitez pas à recréer cet atelier dans votre classe ou à la maison.

Retrouvez ici le résultat de l’atelier : la lecture des élèves de l’école Léo Lagrange à Valence.